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Le président de la Chambre Bojie Dy et le fils du Président, le chef de la majorité Sandro Marcos, ont déposé conjointement un projet de loi interdisant les dynasties politiques mercredi 10 décembre, lançant officiellement la tentative de la majorité de la Chambre d'adopter une mesure qui — en apparence — va à l'encontre de leurs intérêts politiques.
Cette initiative fait suite à l'"instruction" du président Ferdinand Marcos Jr. au Congrès d'approuver une législation définissant les dynasties.
La proposition de cinq pages, sans compter la note explicative, définit une dynastie comme la "concentration et la domination du pouvoir politique électif par des personnes liées les unes aux autres."
Elle décrit une relation de dynastie politique comme un lien familial existant entre un élu en fonction et toute personne qui lui est apparentée jusqu'au quatrième degré de consanguinité ou d'affinité.
Cela inclut non seulement le conjoint, les parents, les enfants et les frères et sœurs d'un politicien, mais aussi les grands-parents, les petits-enfants, les tantes, les oncles, les neveux, les nièces, les cousins, la belle-famille et les arrière-grands-parents.
Interdire ce type de relation de dynastie politique — sur le papier — semble être un cauchemar pour les législateurs, dont beaucoup sont eux-mêmes des dynastes.
La proposition de Dy et du député Marcos comporte toutefois quelques réserves intéressantes :
Le projet de loi précise quelles relations de dynastie politique ne sont pas autorisées. Il interdit aux parents :
En bref, l'interdiction est basée sur le territoire ou le niveau de gouvernement.
Comment cela affecte-t-il nos dynasties actuelles ? En prenant les Marcos comme exemple, ces personnes peuvent occuper les mêmes postes en même temps :
Dy, qui a déclaré avoir 16 parents au gouvernement, n'est pas extrêmement affecté par sa proposition, puisque ses autres frères représentent des circonscriptions législatives distinctes à Isabela, tandis que son fils et sa belle-fille sont également maires, mais de différentes localités.
Le projet de loi ne cherche pas non plus à résoudre le problème persistant des dynasties successives.
Le problème aux Philippines est que lorsqu'un politicien est constitutionnellement empêché de briguer un quatrième mandat, un membre de sa famille se présente pour lui succéder.
C'est le type de stratégie politique qui a permis aux Ynares de Rizal de rester au pouvoir au Capitole pendant 33 ans, ou aux Dimacuha de Batangas City pendant 37 ans.
Il y a 11 projets de loi anti-dynastie déposés au 20e Congrès. Les versions déposées par Makabayan et Akbayan incluent des dispositions qui interdisent explicitement la succession immédiate.
Le projet de loi ne permet pas non plus de résoudre le problème du détournement effectué par les dynasties politiques dans le système de liste de partis. Les dispositions du projet de loi de Dy et Marcos n'interdisent pas à un dynaste d'accepter une nomination sur une liste de parti alors que ses parents occupent des fonctions parlementaires.
L'organisme de surveillance Kontra Daya a déclaré que 40 des 156 groupes de listes de partis qui se sont présentés aux élections de 2025 ont des liens avec des dynasties.
Il est important de noter que c'est ainsi que l'ancien président Martin Romualdez a pu étendre son emprise sur le pouvoir à la Chambre — c'est une affaire de famille pour lui. Alors qu'il représente le premier district de Leyte, sa femme Yedda et son fils Andrew Julian sont représentants de la liste du parti Tingog. L'oncle de Yedda, Raymond Mendoza, est également député représentant le TUCP ou Congrès des syndicats des Philippines.
On comprend toutefois pourquoi Dy et Marcos ont déposé une proposition anti-dynastie modérée, qu'ils aient ou non un intérêt réel à promouvoir activement cette réforme.
Le Congrès, composé de familles politiques qui se sont perpétuées au pouvoir pendant des décennies et qui n'ont aucun désir de ralentir, a été allergique à toute proposition anti-dynastie, malgré la Constitution qui stipule que leur existence politique est interdite. Un projet de loi plus fort se heurterait à une résistance massive, c'est pourquoi les dirigeants de la Chambre tenteront de viser un terrain d'entente.
Ce projet de loi présente néanmoins des mérites. Il empêche notamment les futures candidatures conjointes (gouverneur et vice-gouverneur) pour le Capitole, comme celles des Bersamins d'Abra, des Pinedas de Pampanga et des Singsons d'Ilocos Sur.
Mais même si un projet anti-dynastie politique franchit la Chambre des représentants, il rencontrera des difficultés au Sénat, où un tiers des législateurs — les Tulfos, Cayetanos, Villars, Estrada-Ejercito — sont frères et sœurs.
Ce sera toujours une tâche herculéenne malgré l'incitation du Président, dont les taux d'approbation continuent de baisser. — Rappler.com


